En regard de l'exposition "Les Nymphéas d'Olivier Debré", Eric de Chassey, directeur de l'INHA donnait une conférence au Centre de création contemporaine Olivier Debré ce jeudi 27 Septembre 2018. Introduction à l'histoire de l'abstraction du XX ème siècle, cette rencontre tendait à mettre en lumière la parenté conceptuelle entre le chef de file de l'impressionnisme et Olivier Debré en invoquant également l'expressionnisme abstrait, à travers l'incontournable Jackson Pollock.

L'histoire de l'abstraction contemporaine puise en effet sa source dans les oeuvres tardives de C. Monet, ce dernier contemplant la Nature à Giverny en  s'affranchissant d'une lecture réaliste de ses jardins. Les révélations sensorielles que C. Monnet s'attachera à peindre dans ses dernières Nymphéas  signent les prémices d'une nouveau mouvement: l'abstraction. C'est par la lecture d'un article de la revue Life 2, parue en décembre 1957 et sous-titrée Old Master's Modern Heirs (Les héritiers modernes d'un vieux maître) qu'Eric de Chassey illustre les liens de filiation entre Olivier Debré, Jackson Pollock et le célèbre peintre des Nymphéas.

   Après la seconde guerre mondiale, Paris n'était plus la capitale de l'art moderne, cette nouvelle hégémonie revenant à la ville de New-York. Claude Monet est alors redécouvert par les peintres américains de la nouvelle génération. Des critiques d'art tel Clément Greenberg rapprochèrent alors les matérialisations sensorielles de C. Monet aux techniques picturales du "all over" de Jackson Pollock. Abolissant progressivement la représentation du sujet au profit d'une expression pure de ses émotions face à la Nature, le peintre des Nymphéas inspirera les peintres de l'expressionnisme abstrait en ouvrant la voie à une plasticité nouvelle. "Je n'ai pas besoin d'imiter la Nature, je suis la Nature", telle sera l'affirmation de Jackson Pollock pour définir la révolution picturale de ses fresques monumentales. Ce rapport d'influence entre C. Monet et J. Pollock a été construit par le critique d'art Clément Greenberg. Cela étant, il demeure selon Erik de Chassey quelque peu fictif et fabriqué.

A l'instar de Jackson Pollock, Olivier Debré explore les limites du champ pictural tout autant que sa matérialité. Architecte de formation, il a en quelque sorte délocalisé les Nymphéas normandes et redéfini dans son abstraction gestuelle de nouvelles Nymphéas tourangelles. Affectionnant la Touraine, dans son écrin de verdure, enchâssée dans le tuffeau de la vallée de la Loire, il  se plaît à rendre manifeste la fluidité et la liquidité des bords de Loire. L'exposition à la galerie blanche au Ccc od de six toiles monumentales, intitulée "les Nymphéas" d'Olivier Debré fait suite à une donation au cours de l'année 2016. Elles furent commandées en 1990 par Alain Julien Laferrière pour le CCC. Quatres oeuvres étaient initialement attendues au format des cimaises (400x900). Qualifiées de "Wall painting", les toiles monumentales d'Olivier Debré déploient par leur densité une notion d'infini que la lumière de la couleur structure. Inversant les traditionnelles notions d'horizontalité et de verticalité,  Olivier Debré fait de la couleur l'agent de reconstruction du monde. Ses fresques picturales révèlent une présence existentielle avec l'espace. Son oeuvre invite à penser l'abstraction gestuelle comme un autre modèle pour le réel. C'est peut-être l'une des contributions expérimentales essentielles d'Olivier Debré à l'art contemporain. 

Grand voyageur, Olivier Debré s'est nourri de lumière à travers ses escapades en Afrique noire, au Mexique, en Chine, en Grèce, en Italie et en Norvège. 

Elu membre de l'Académie en 1999, les différentes réalisations de rideaux de scène d'Olivier Debré auront marqué les collaborations artistiques contemporaines. Répondant à une commande publique, Olivier Debré réalisera le rideau de scène de la Comédie Française, de l'Opéra de Hong-Kong et de Shangai perpétuant son attachement pour la création d'oeuvres monumentales.  (1000x1300cm)

​

L'exposition "Les Nymphéas" d'Olivier Debré a lieu jusqu'au 6 janvier 2019 au Centre de création contemporaine Olivier Debré, jardin François 1er, 37000 Tours

​

Naïg Desmadriguen

​

​